Contexte :
Cet article a été rédigé dans le cadre du séminaire universitaire « La Famille », suivi au semestre de printemps 2025 à l’Université de Neuchâtel. Le cours proposait une approche philosophique des structures familiales, de leurs évolutions historiques et de leurs implications morales dans les sociétés contemporaines. Le travail consistait à choisir un auteur ou un courant critique portant sur la famille pour en proposer une lecture approfondie et argumentée. J’ai choisi de réfléchir à une question de recherche axée sur les responsabilités du divorce :
Peut-on divorcer sans pour autant faillir à ses responsabilités parentales ?
Autrement dit : le divorce constitue-t-il nécessairement une rupture éthique, ou peut-il être envisagé comme une modalité légitime d’engagement parental différent ?
Résumé :
Dans ce texte, je m’interroge sur la charge morale attachée au divorce, en particulier dans les situations où des enfants sont impliqués. Mon analyse s’appuie sur l’article Philosophers Against the Family de Christina Hoff Sommers, qui soutient que l’augmentation des divorces témoigne d’un affaiblissement de l’éthique familiale et d’une dérive individualiste de la philosophie morale contemporaine. Elle y dénonce un glissement de la famille, autrefois conçue comme structure de devoirs, vers un simple contrat affectif, révocable au nom de l’épanouissement personnel. À travers une lecture critique de cette thèse, je propose une relecture du divorce qui ne le considère pas comme un échec moral en soi, mais comme une possible réorganisation responsable du lien parental, lorsque certaines conditions sont respectées. J’avance que la séparation conjugale n’implique pas nécessairement un effacement des responsabilités parentales. L’essentiel n’est pas tant que le couple « tienne », mais que les deux parents restent présents, coopérants, et fidèles à leur engagement commun envers l’enfant. Je propose ainsi de déplacer l’exigence morale : non plus dans la pérennité du couple ou la préservation de la forme conjugale à tout prix, mais dans la fidélité à la fonction parentale, comprise comme une continuité d’engagement malgré la fin du lien amoureux. En somme, le véritable critère moral n’est pas la durée du mariage, mais la qualité du lien maintenu avec l’enfant.